À l'ombre des gratte-ciel scintillants de Shanghai se trouve le M50, un labyrinthe tentaculaire de couloirs de béton et de cheminées industrielles transformé en un terrain de jeu artistique urbain des plus dynamiques de Chine. Autrefois complexe d'usine textile à l'abandon, ce vestige industriel s'est métamorphosé en un centre animé où les fresques murales peintes à la bombe côtoient les galeries expérimentales, où le café nitro coule à flots dans d'anciennes chaufferies et où les fantômes des machines de l'ère Mao bourdonnent sous les sets de DJ. Pour les voyageurs en quête d'un aperçu authentique de la scène créative underground de Shanghai, voici comment explorer ce pays des merveilles devenu chic et authentique.
1. De l'usine textile à la toile urbaine : une histoire écrite en briques et en peinture
La transformation du M50 reflète la métamorphose de Shanghai, qui est passée d’une puissance industrielle à un innovateur culturel :
- Origines des années 1930
Construit pour abriter la filature de coton Xinhe, le complexe abritait des machines à filer et des dortoirs pour les ouvriers. Son architecture brutaliste – tuyaux apparents, plafonds voûtés et escaliers en zigzag – constitue aujourd'hui le décor brut des installations. - La Renaissance des années 2000
Avec la délocalisation des usines dans les années 1990, des artistes affamés ont commencé à squatter les espaces abandonnés. En 2005, des galeries comme ShanghART et Centre des arts Island6 a officialisé la renaissance du quartier, en préservant les éléments industriels tout en injectant une énergie avant-gardiste. - Explosion de graffitis
Ce qui a commencé comme un marquage nocturne illicite a évolué vers des projets d'art urbain organisés. Aujourd'hui, plus de 2 km de murs présentent des œuvres de collectifs locaux (par exemple, Shanghai Ultra) et des noms mondiaux comme Vhils et Le protégé de Banksy.
2. Peintures murales et installations incontournables
L'art en constante évolution du M50 exige un itinéraire stratégique. Priorisez ces points forts :
- La Cheminée Chromatique (Cour 6)
Une cheminée de 30 m de haut transformée en arc-en-ciel vertical par un artiste français Elsa Jean de DieuIl est préférable de le photographier à l'heure dorée, lorsque la lumière du soleil illumine ses carreaux de mosaïque de verre. - Couloir « Mémoire d'usine » (Bâtiment 3)
Une ruelle envoûtante où des projections en réalité augmentée (RA) superposent des images d'archives d'ouvriers du textile sur des murs couverts de graffitis. Scannez des codes QR pour activer des ouvriers fantômes des années 1930 « faisant fonctionner » des métiers à tisser peints à la bombe. - Le Dragon Steam-Punk (West Compound)
Collectif local Brosse en fer J'ai soudé de la ferraille provenant de vieilles machines pour en faire un dragon de 15 m de long qui « respire » de la brume toutes les heures, un arrière-plan Instagram préféré.
3. Sirotez, savourez et magasinez : les espaces de vie industriels et chics du M50
Alimentez votre exploration artistique dans ces lieux réinventés :
- Café Nestwork (Bâtiment 4)
Une ancienne salle des générateurs sert désormais du cold brew infusé à l'azote dans des béchers, accompagné de croissants au matcha. L'intérieur industriel chic présente des manomètres d'origine reconvertis en décoration murale. - Le Boiler Room Bar (Courtyard 12)
Le soir, cet espace, autrefois utilisé pour alimenter les fourneaux des usines en charbon, accueille des DJs qui mixent du synthwave. Essayez le « Soy Sauce Old Fashioned », un mélange audacieux de bourbon et de sirop de haricots noirs fermentés. - Pop-Ups de créateurs (bâtiment 9)
Partez à la chasse aux produits dérivés en édition limitée : sacs en cuir gravés au laser chez Studio 9, vestes en jean recyclées chez WasteNot, ou des théières en céramique en forme de radios de l'époque Mao.
4. Dans les coulisses : Ateliers et studios d'artistes
La véritable magie de M50 réside dans l’interaction avec ses créateurs :
- Jams d'art en direct (Island6 Arts Center)
Tous les samedis, admirez les artistes résidents créer des sculptures cinétiques éclairées par LED. Les visiteurs peuvent participer à des séances de peinture collaboratives en équipe (200 ¥, matériel inclus). - Atelier de sérigraphie (Bâtiment 16)
Imprimez vos propres affiches de style rétro-propagande en utilisant du matériel original des années 1970. Choisissez parmi des slogans audacieux comme « Servir le peuple… du café ! » - Cinéma souterrain (sous-sol caché, bâtiment 7)
Un cinéma clandestin de 20 places projette des films d'art et d'essai interdits et des classiques de l'anime. L'entrée se fait en murmurant un mot de passe (consultez @M50Secret sur WeChat pour des indices hebdomadaires).
5. Conseils de pro pour naviguer sur la M50
- Timing: Visitez-le en semaine de 10 h à midi pour éviter la foule. Le soir (de 18 h à 21 h), profitez d'une ambiance lumineuse et de marchés éphémères.
- Visites : Des visites gratuites en anglais partent de l'entrée principale tous les jours à 11 h. Pour un accès plus approfondi, réservez un « Passeport d'artiste » à 500 ¥ donnant accès à 10 ateliers privés.
- Combiner avec : Marchez 15 minutes jusqu'à Cité internationale du thé de Daning pour contraster le bord du M50 avec les cérémonies traditionnelles du thé.
Derniers coups de pinceau
Le M50 prospère dans ses contradictions : un lieu où des grues rouillées suspendent des œuvres d'art moderne, où des slogans communistes côtoient des pochoirs anticapitalistes, et où chaque gorgée de café a un goût de rébellion liquide. Contrairement aux quartiers artistiques aseptisés, ce complexe conserve son âme d'usine, offrant aux visiteurs non seulement une promenade dans une galerie, mais aussi un voyage dans le temps à travers l'évolution culturelle de la Chine. En sortant, après la porte peinte à la bombe, vous réaliserez : à Shanghai, même l'abandon est transformé en chef-d'œuvre.